La Pluie

De Daniel Keene

L’histoire d’Hanna, vieille femme entre ciel et cendres.

Les personnages de Daniel Keene sont des êtres ordinaires, ils nous ressemblent, ils sont très humains. Pour autant il n’y a rien de réaliste dans ce théâtre : c’est un tissage de quotidien et de poésie. N’existent sur scène que les choses nécessaires : le texte, les acteurs et l’espace.

 Spectacle tout public à partir de 10 ans

Durée de Spectacle : 50 minutes

 Contact Artistique : 06 08 35 72 88

Dossier pédagogique disponible sur demande.

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 « Seule la poussière dure éternellement »

Au crépuscule de sa vie, Hanna raconte comment, il y a longtemps, alors qu’elle était encore jeune, des centaines de gens que l’on faisait monter dans des trains lui ont confié des objets de toutes sortes qu’elle a rangé dans sa maison, et comment, toute au long de sa vie, elle en a pris soin.

Obsédée par le souvenir de ces silhouettes imprécises, elle finira par remettre un visage sur l’ombre de cet enfant qui lui avait donné une bouteille contenant de l’eau de pluie.

Dans ce texte, le dramaturge australien évoque, avec une infinie pudeur, la biographie de poussière de ces voyageurs qui ne sont jamais revenus.

A propos de La pluie

Au départ de la pluie, il y a le texte de Daniel Keene, profond, poétique, qui tisse avec une légèreté grave une histoire autour d’un vide, d’un silence, d’une absence. C’est un texte pour un théâtre qui donne à voir au présent ce qui a disparu, sans jamais le montrer ni le nommer.

La force et la fragilité de cette œuvre, et donc sa beauté, sont de ne jamais désigner ce dont il est question, pour dessiner son portrait en creux.

La poésie transcende ce récit. Et effectivement, il n’y a pas d’autre moyen de raconter cet irracontable. Et cette poésie matière donne à la narration sa valeur et sa qualité d’universalité. On est au-delà du récit, on est dans une transfiguration, une incarnation universelle.

Le travail de mémoire que réalise poétiquement l’écriture de Daniel Keene concerne la vie d’une femme, et celle d’un peuple dont l’histoire a été traversée par la tragédie de la déportation. Il concerne aussi l’histoire de tous ceux qui, dans le monde contemporain, s’obligent à oublier les arrachements dont ils ont été victimes, ne serait-ce que pour conserver la force de flotter à la surface de la vie comme des barques fragiles sur une mer déchaînée.

 

« Au milieu de tous ces souvenirs j’oublie »

Les intentions de mise en scène

Hanna est de ces êtres qui vivent à la marge, en lisière du monde, dans un no man ‘s land où se croisent des ombres, des âmes errantes qui, sans en avoir conscience, ne sont pas guéris de l’Histoire, de leur histoire.

Il y a de la douleur dans les pièces de Daniel Keene, douleur des humbles, des oubliés, voire des déjà morts, mais jamais il ne s’appesantit sur le sujet, tissant réel et poésie, banalité du quotidien et lyrisme fulgurant, fatalité et rédemption, tendresse, espoir.

Alourdir son propos au delà des questions posées à l’humanité de l’homme serait en trahir l’élégance et la complexité.

Chez Daniel Keene, le silence et la solitude sont la matière même d’où émerge la parole.

Il nous faudra conjuguer les dualités silence/mots, présence/absence, ombre/lumière et orchestrer le rapport corps/espace.

Hanna a passé toute sa vie à remplir cette mission qu’elle n’avait pas choisi : recueillir, trier, ranger, déplacer, préserver tous ces objets confiés par ceux qui partaient, pour quand ils reviendraient… Jeunesse, âge mur, vieillesse, toutes ces saisons de sa vie, nous avons choisi qu’elles s’incarnent dans trois interprètes, trois Hanna d’âge différent, qui s’inscriront de manière simultanée dans l’espace scénique, portant toutes trois ce monologue intérieur, habitant toutes trois ce monde extérieur aux contours à peine ébauchés, ce monde de silence, de solitude et de travail bien fait.

Dans Porteuses de lumière, pièce courte du même recueil, Marion âgée et Marion adolescente dialoguent sur un banc, deux personnages pour un seul être ; dans notre mise en scène de La pluie, trois Hanna diront cette vie, sans que soient altérées en aucune façon intégralité et intégrité du texte de l’auteur.

Distribution

Mise en scène et scénographie 

Metteur en scène : Mélia Bannerman

Dramaturgie et regard : Janine Clos

Interprétation

Sophie Barros, danseuse et comédienne

Françoise Delile – Manière, comédienne

Nathalie Lhoste – Clos, comédienne

Création lumière et régie technique

Bastien Sallaberry