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LE SPECTACLE

 

Le spectacle proposé par la Compagnie Les Jolies Choses est la mise en scène d’une nouvelle épistolaire cinglante et visionnaire, chronique intime d’une nation s’enfonçant dans le Nazisme.

San – Francisco, années trente, Martin Schulse, un allemand et Max Eisenstein, un juif américain sont marchands de tableaux. Ils sont unis par des liens plus qu’affectueux, fraternels.
Martin décide de rentrer chez lui, à Munich. Ils s’écrivent : Max dit sa solitude depuis le départ de son ami et Martin raconte sa nouvelle vie dans une Allemagne qu’il peine à reconnaître tant elle est défigurée par la misère.
Au fil des lettres, inexorablement, Martin et Max s’éloignent l’un de l’autre, d’autant que Max est juif et que l’Allemagne de Martin suit un nouveau « Guide », Adolf Hitler.
Les interrogations feront place aux doutes, l’inquiétude à l’incompréhension, la douleur à la vengeance. La peur aura changé de camp et tout s’écroulera dans le fracas de l’Histoire.

C’est la correspondance fictive entre Max et Martin de novembre 1932 à mars 1934 que nous offre l’auteur, Katherine Kressman Taylor, dans un texte court et incisif, au dénouement saisissant, que le spectacle donne à entendre dans son intégralité.

 

LA MISE EN SCENE

NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE 

 PATRICK LODE

Conserver l’intégralité du texte et marier complexité du propos et épure de la forme théâtrale dans le respect du choix épistolaire voulu par l’auteur.

 

Dès la première lecture, le texte de Katherine Kressman Taylor m’ a interpellé, bouleversé, consterné.

Avec Inconnu à cette adresse, le choix de la création était donc avant tout de travailler un texte riche, diaboliquement habile dans sa composition, mais d’une évidence absolue dans sa forme expressive.

L’enjeu de cette création n’est pas anodin, tant dans la représentation d’un texte fort que dans la mise en scène d’une correspondance dont on veut conserver l’intégralité et respecter la forme.

L’une des difficultés concernant un texte épistolaire réside dans la mise en espace. Notre choix s’est porté sur l’épure : sur scène, un écran blanc – page blanche, inconscient, mémoire – où s’inscrivent, au fur et à mesure, les dates d’envoi des courriers, les ombres du passé, les menaces, les peurs concrétisées.

Une lettre a cette incomparable faculté de se charger émotionnellement de l’état du moment. Il me semblait donc juste que son auteur puisse la dire à haute voix sans que la notion d’écriture apparaisse de façon systématique. Quant au destinataire, il pouvait être présent dans le même espace tel une ombre, un double réagissant au discours de l’autre. Ainsi, entre les deux personnages, une complicité pouvait s’établir, un fil invisible qui déroulait leur relation, d’abord fraternelle et amicale que le contexte politique viendrait peu à peu troubler, tendre, dégrader, détériorer jusqu’à la vengeance finale, implacable.

Enfin, Katherine Kressman Taylor, femme écrivain – qui dut en 1938 masculiniser son nom pour être éditée – s’est incarnée par l’écriture dans Max et Martin, les deux protagonistes du roman : deux interprètes féminines pouvaient donc tout naturellement leur donner chair et, nous entraînant dans leur sillage, éclairer une des pages les plus sombres de l’Histoire.

Après Avignon, Paris !

Lors de sa présence au festival Avignon Off, le spectacle a régulièrement accueilli un public fourni et sensible à la fois au propos – l’Allemagne des années trente s’enfonçant dans le nazisme – et aux choix artistiques de la mise en scène – épure de la forme théâtrale, symbolisme des éléments, sensibilité  de l’interprétation .

 

D’après les réactions des spectateurs et de la presse, ce succès serait dû à la force toujours d’actualité du texte cinglant et visionnaire de K. K. Taylor, publié aux Etats-Unis en 1938, et aussi à la singularité d’une mise en scène qui, pour la première fois, confie l’interprétation des deux personnages masculins  à des comédiennes, tout en respectant l’intégralité et l’intégrité du texte. Un choix qui, de l’avis général, apporte au spectacle une vibration nouvelle.